Tout comme Alice j'ai essayer de passer de l'autre côté de ce fameux miroir. Car le mien est déformé par des années de troubles du comportement alimentaires. Cela faisait un moment que ce genre d'article me trottait en tête, un besoin d'en parler. Le sujet sera un peu plus personnel et moins joyeux mais de temps à autre je risque d'en glisser par ci par là. Je n'ai pas envie de virer blog façon journal intime donc ça sera en dose homéopathique. Mais quand ce genre de choses vous à suivi pendant près de treize ans dur dur d'oublier ou de s'en défaire. J'ai remarquer aussi qu'en dehors de la blogosphère tca ou alors sur de rares sites informatifs. On n'explique jamais bien la réalité encore moins l'après guérison. Alors que souvent c'est une des parties les plus dures avec la guérison...
On estime que 50-60% d'anorexiques s'en sortent, pour le reste c'est la chronicité de la maladie qui s'installe ou un rapport difficile avec la nourriture pour le restant de leurs jours. Et enfin dans le pire cas de figure le suicide ou la maladie ont raison d'elles. Pour ma part je fais partie des 50-40% ayant une relation mitigée avec la nourriture.
Si je devais me ranger dans une catégorie de malade type qu'on retrouve souvent dans les tca ça serait : l'hypersensible paumée et contestataire. (même si je n'aime pas trop les clichés mais ça aide pour situer.) Je suis tombée là dedans d'abord parce que j'ai souffert de stress et de dépression post traumatiques puis ma nature hypersensible m'a fait faire de l'anorexie mon bouclier, la boulimie mon crachoir. L'anorexie boulimie, mon exutoire et c'est bien là le problème.
Il m'a fallut plus de dix ans et un rechute violente pour comprendre que je souffrais de troubles du comportements alimentaires. J'ai expérimenter une bonne partie de ce qu'on peut catégoriser là dedans : anorexie mentale, boulimie, anorexie-boulimie et même du mérycisme ainsi que des troubles du comportements alimentaires atypiques. Seul l'hyperphagie m'a été épargnée...
Ainsi que les symptômes physiques de la maladie : hyperactivité, insomnie, aménorrhée, perte de cheveux, douleurs dans certaines positions due à une masse graisseuse trop faible, troubles cognitifs, anémie, troubles digestifs, etc...
On croit souvent à tord que souffrir de tca ce n'est pas vouloir manger sauf que c'est un peu plus complexe que ça. Très souvent ce n'est que l'arbre qui cache la foret et la combinaison de différents troubles ou facteurs qui s'additionnent. Si je prends mon exemple je voulais d'abord perdre pour me sentir mieux. Puis pour gommer mes émotions trop fortes pour finir par vouloir totalement m'effacer ou m'annihiler. Ayant en plus de base une différenciation nette entre corps et esprit, dédaignant le premier pour n'exister que par le second. D'autres malades que j'ai rencontrer étaient par exemple d'anciennes droguées ou encore victimes d'abus sexuels ou de harcèlement, d'autres encore tentaient de pallier leur mal être en maigrissant. Il n'y a pas un cas pareil chaque malade est différent mais ce qu'on retrouver chez quasi tous : C'est l'addiction. Au début la motivation à maigrir est simple et vous satisfait mais une fois votre objectif atteint vous vous rendez compte que ce n'est pas suffisant et ne le sera jamais assez. Ainsi vous voudrez maigrir de 5 puis 10, 20 et pour finir le seul mot d'ordre c'est perdre. Il n'y a plus de limite. Le piège s'est refermé et par une logique absurde tout va finir par se lier à ce seul objectif. La nourriture devient autant un objet de convoitise que de torture.
Pour ma part j'en étais au point que si je ne trouvais pas tel aliment je préférais ne pas manger du tout. Ou encore recommencé trois ou quatre fois le même rituel si je ne pouvais le faire idem je jeûnais. Ma liste d'aliments" autorisés "était petite et précise et j'avais des heures pour me nourrir, toute ma vie était calculer et axée autour d'une chose : maigrir et les tca. Ou aussi quand une situation stressante se présentait mon contrôle sur moi même et la nourriture devenait encore plus drastique. J'ai d'ailleurs encore des restants de ce type de réflexe que j'essaye de faire partir.
Durant ma rechute dans l'anorexie mentale, j'avais un blog et fréquentais la blogosphère de malade de tca, de régimeuses et autres filles voulant maigrir pour diverses raisons. J'avoue que quand j'y repense ça peut paraître " malsain " car certaines ne veulent que maigrir et s'encouragent à cela. Mais en même temps on se sent moins seule et il y a aussi les encouragements à guérir ou faire attention. Certaines régimeuses venaient demander des "astuces" pour maigrir. Je me voyais mal leur dire que me faire vomir était un remède miracle parce qu'au bout d'un moment ça abîme les dents à cause des sucs gastriques qui érodent l'émail ( les miennes le sont à cause de ça). Ou encore faire du sport à te péter le dos ( ma sciatique est en partie due à cela). Et puis ma façon de me nourrir était très codé et reposait sur toute une ritualisation étrange qui me rassurait. C'est comme ça que je me suis peu à peu rendue compte que j'avais un problème (certains tics ou aliments bannis survivent encore).
Le cliché du régime qui vous fait tomber dans les troubles du comportement alimentaire est fort. Seulement ce n'est que la goutte qui fait déborder le vase dans certains cas. D'après certaines études les tca auraient une origine génétique de plus les enfants dont les parents ont souffert de ça un moment de leur vie ont 50% plus de chance de développer cela. Il faut aussi rajouter les abus sexuels ou encore les troubles bipolaires et borderline, ceux anxieux et la dépression qui sont autant de pathologies qui alourdissent le tableau et le risque. La cause de ces troubles est multi factoriel pour ma part l'origine génétique y était en plus d'un terreau dépressif et anieux je cumulais donc assez de facteurs pour avoir la malchance d'en développer.
Beaucoup de boulimiques sont d'anciennes anorexiques très souvent ces deux pathologies sont liés et peuvent s'alterner pendant un certain temps. Pour se changer en un entre deux encore plus dangereux l'anorexie boulimie. Là il y a nettement plus de chance de mourir d'un arrêt cardiaque du à la dénutrition et à un taux de potassium trop bas ( hypokaliémie). Dans le genre méconnu et aussi sympa il y a l'ostéoporose ainsi que d’œdème ou encore de manque de phosphore voir d'hyponatrémie. Autant dire qu'à long terme ça abîme et vieillit prématurément le corps.
Après plusieurs années d'anorexie vient la boulimie qui est devenue de l'anorexie-boulimie. C'est d'ailleurs en partie "grâce" à ça que j'ai repris du poids lors de ma rechute. Contrairement à l'anorexie ou le fait de ne pas manger ou peu est plus vite perçu , la boulimie peut se cacher pendant des années sans que peu de gens le sachent ou ne s'en doutent. De plus comme le poids n'est pas toujours bas ça n'alarme pas l'entourage. A noter aussi que l'on peut souffrir de tca en étant obèse ou avec un poids normal, celui-ci n'est actuellement plus autant un critère déterminant. Chose plutôt positive car pour ma part on me menaçait de m'hospitaliser à 39 kilos je ne les ai pas atteint et ai fini par plonger dans la boulimie. Au final j'aurai préférer y arriver car j'aurai été prise en charge et pas errer plusieurs années encore à savoir ce que j'avais.
Ma période guérison a été houleuse et plus longue mais le manque de suivi n'a pas du aider. On s'est plus concentrer sur ma reprise de poids et le fait que je mange. Résultat : l'anorexie-boulimie m'a fait stagner pendant quasi 5 ans à un poids de 50 kilos. Mais mon comportement alimentaire n'a pas changer ce n'est que vers la fin de la vingtaine que j'ai commencer enfin à manger comme une humaine normale et sans rituel ou stress. Le travail psychologique a faire était énorme et long j'ai du réapprendre à manger et voir cela comme un besoin normal (chose que j'ai encore parfois un peu de mal avec).
Le fait de remanger m'a fait "souffrir" autant mentalement que physiquement. J'avais la nausée continuellement ainsi que des ballonnements (glamour tout ça), en plus de devoir lutter contre le fait de recommencer à me faire vomir. La prise de poids aussi était difficile mais quand j'ai vu que ma santé était moins fragile je l'ai mieux accepter. Ce n'est que depuis deux ans environ que mon corps me signale que j'ai faim avant ça c'était chaotique et parfois je ne le sentais pas tellement j'étais habituer à l'ignorer.
Pour qu'un malade de tca guérisse il faut que ça vienne de lui sinon ça ne fonctionnera pas au mieux la personne tentera de se soigner et reprendre du poids mais n'y arrivera pas car se sentira forcé. Au pire elle se braqua et plongera encore plus dans la maladie et ne voudra rien entendre. Il faut mieux essayer de l'encourager ou de l'accompagner et surtout ne pas fermer les yeux sur cette maladie. Et quand c'est plus compliqué et que la personne ne veut pas, il faut voir si elle n'a pas d'autres troubles qui interfèrent aussi et essayer de lui ouvrir les yeux. Le recours au chantage n'est pas une bonne idée par contre dans certains cas (mise en danger de soi même ou d'autrui) obliger légalement quelqu'un à se faire soigner devient la seule solution. Mais ça reste délicat et en fonction du cas de la personne. Pour ma part on a employer le chantage et la pression mais aucun accompagnement ce que je déplore en plus d'avoir été finalement abandonner à mon sort et ne dois ma partielle guérison qu'aux rares amis qui m'ont soutenu. Mais pas ma famille.
Actuellement je dirai que je suis presque guérie car il y a quelques restants de ce comportement addictif qui résistent. Le fait de toujours vouloir maigrir et voir cela comme une solution miracle dès que quelque chose ne va pas. Ou encore que je me vois encore trop grosse par rapport à ce que je suis réellement. Voir aussi que certains aliments résistent encore à mes anciennes peurs et me font culpabiliser quand j'en mange. Mais surtout une aversion violente à la moindre remarque sur mon apparence ou mon poids et ce même si c'est pour "rire". J'y travaille encore d'ailleurs.
Le point le plus important c'est que de savoir que c'est long et qu'il y a au moins une rechute pour se sortir de là mais ce n'est pas impossible. Il faut aussi sortir de ce raisonnement qui est maigrir résout tout mes problèmes et est ma raison de vivre ou me permet d'occulter tout car c'est plus une fuite qu'une réelle solution. Trouver quelque chose qui remplace ça aide grandement ainsi que s'en rendre compte. Soigner et trouver quels traumatismes ont peu à peu fait que la personne ait finit par développer un trouble du comportement alimentaire. Déconstruire une logique destructrice en quelque chose de plus positif et se reconstruire.
Mon article est nettement plus long que prévu et j'ai eu du mal à le finir. Je l'ai plusieurs fois et ai hésiter à le poster. Mais je trouve que c'est "important" dans le sens où l'on voit peu ou entend peu parler de l'après guérison et de ce que sont devenus d'anciennes malades. Surtout si elles ont rechuter et comment est leur quotidien. En espérant avoir été instructive un minimum si vous avez quelque chose à rajoutez ou si vous aussi avez souffert de ces maladies voir avez quelqu'un qui en souffre dans votre entourage. Dites-le moi en commentaires.
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